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Les ajummas

Nous avions entendu parler des ajummas avant notre rencontre avec Young-Joo Cho, mais c’est elle qui nous a fait prendre conscience de leur importance dans l’histoire coréenne. Young-Joo Cho est artiste, et place les femmes au coeur de son travail. Elle a notamment réalisé plusieurs vidéos de danse mettant en scène des ajummas, c’est en nous parlant de son travail qu’elle nous a donné envie d’en apprendre plus sur elles.

A l’origine le mot ajumma signifie “femme mariée” mais son sens a un peu évolué. Les ajummas sont ces femmes un peu âgées que l’on croise partout en Corée : cheveux courts et permanentés, vêtements aux couleurs flashy, et visière vissée sur la tête. Les ajummas se déplacent souvent en groupe. Elles ont une image de femmes très dures et impolies, et c’est quelque chose que l’on peut vérifier si l’on fait l’erreur de se trouver sur leur chemin lorsqu’elles sont pressées : elles n’hésiteront pas à vous bousculer.

Pourtant, nous nous sommes vite rendu compte que ce n’était qu’une façade, et un jugement un peu hâtif. Plus d’une fois ces femmes dont les places réservées dans les transports en commun sont sacrées nous ont fait signe de venir nous asseoir avec elles. Lorsque nous sommes allées les filmer au marché Jagalchi de Busan, la plupart d’entre elles nous ont fait de grands sourires amicaux.

Lorsque nous avons cherché des informations sur les ajummas sur internet nous avons trouvé beaucoup de choses sur leur style vestimentaire décalé et leur caractère bien trempé.

Mais en s’intéressant vraiment à elles, nous nous sommes rendues compte qu’elles étaient partout, occupées à travailler. Par exemple, nous les avons croisées dans les couloirs de la fac : ce sont elles qui s’occupent du ménage. Elles font également le service dans les restaurants où, plus d’une fois, elles ont discuté avec nous sans se soucier que nous ne comprenions pas un mot. Si le métro coréen est si propre, c’est grâce aux ajummas. Et bien sûr ce sont elles qui tiennent le marché Jagalchi à Busan, travaillant à décortiquer les coques même sous la pluie, abritées sous leur fidèle visière.

Nous nous sommes demandé pourquoi les ajummas travaillaient autant et si dur à un âge avancé, et nous avons appris qu’à l’époque où elles ont eu leur premier enfant elles ont été poussée vers la sortie de leur entreprise. Elles se sont alors consacrées à s’occuper de leurs enfants, de leur mari et de leur belle famille. Elles ont mis de côté leur propre vie pour assurer le bien être du foyer. A cela, nulle récompense et nulle reconnaissance. Une fois que les enfants ont grandis elles ont repris le travail, aux postes les plus ingrats, et souvent mal payés.

Les ajummas sont au final la résultante d’une société sexiste dans laquelle les femmes ne pouvaient pas concilier vie de mère et travail.

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